J. Bastin & E. Faral, Le dit de Guillaume de Saint-Amour
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Le texte
  Œuvres complètes de Rutebeuf, J. Bastin & E. Faral, 1959-1960 : Paris, Picard, vol. 1, pp. 243-248.
   
  De maistre Guillaume de Saint Amour.
   
1        Oiez, prelat et prince et roi,
2 La desresondesraison, C 2 : injustice. et le desroidesroi, s. m., U 146, AT 1711, J 90, AK 111 : trouble, désordre — C 2, E 178 : dommage — AR 10 : méchanceté, discourtoisie — H 197 (sans) desroi : tranquillement, sans difficulté — R 160, qui de prendre face desroi : qui considère comme action coupable de prendre.
3 C’on a fet a mestre Guillaume :
4 L’en l’a bani de cest royaume !
5 A tel tort ne morut més hom[1].
6 Qui escilleescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. Homme sanz reson
7 Je di que Diex qui vit et regne
8 Le doit escillierescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. de son regneregne, V 3, U 159, E 75, 191, C 8, AK 4 ; U 167 raisne, AU 439 raine, BG 69, raignes, s. m. : royaume..
9 Qui droit refuse guerre quiert ;
10 Et mestre Guillaumes requiert
11 Droit et reson sanz guerre avoir[2].
12 Prelat[3], je vous faz a savoir
13 Que tuit en estes avillié.
14        Mestre Guillaume ont escilliéescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir.
15 Ou li rois ou li apostoles[4].
16 Or vous dirai a briez paroles
17 Que, se l’apostoiles de Romme,
18 Puet escillierescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. d’autrui terre homme,
19 Li sires n’a nient en sa terre, fol. 324 v°
20 Qui la verité veut enquerre.
21 Se li rois dit en tel maniere
22 Qu’escilliéescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. l’ait par la priere
23 Qu’il ot de la pape Alixandre,
24 Ci poez novel droit aprendre,
25 Més je ne sai comment a non,
26 Qu’il n’est en loiloi, s. f., C 26 : droit civil. ne en canoncanon, C 26 : droit ecclésiastique. [5] ;
27 Car rois ne se doit pas mesferemesfere (soi), C 27 : commettre une faute, se déshonorer ; C 36, se mesfet, ind. pr. 3, id.,
28 Por prier[6] c’on li sache fere.
29 Se li rois dist qu’escilliéescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. l’ait,
30 Ci a tort et pechié et laitlait, Z 81, s. m. : outrage — H 170 : préjudice — C 30 : injustice.,
31 Qu’il n’afiert a roi ne a conte,
32 S’il entent que droiture monte,
33 Qu’il[7] escilleescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. homme, c’on ne voie
34 Que par droit[8] escillierescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir. le doie ;
35 Et se il autrement le fet,
36 Sachiez de voir qu’il se mesfetmesfere (soi), C 27 : commettre une faute, se déshonorer ; C 36, se mesfet, ind. pr. 3, id..
37 Se cil devant Dieu li demande[9],
38 Je ne respont pas de l’amande :
39 Li sans Abel requist justise
40 Quant la persone fu ocise.
41 Por ce que vous veez a plain[10]
42 Que je n’ai pas tort, si le plain ;
43 Et que ce soit sanz jugement[11]
44 Qu’il sueffre cest escillementescillement, C 44, 90 : exil.,
45 Je le vous moustre a iex voianz ;
46 Ou droiz est tors, et voirs noianz.
47        Bien avez oï la descorde
48 (Ne covient pas que la recorde)
49 Qui a duré tant longuement,
50 Set anz toz plains entirement,
51 Entre la gent saint Dominique
52 Et cels qui lisentlire, B 16, enseigner dans une faculté universitaire (vocabulaire scolastique) ; B 6, C 52, lisent, ind. pr. 6 ; J 87, AU 628, p. p. f. leüe. de logiquelogique, s. f., C 52, une des sciences trivium.[12].
53 Assez i ot pro et contra ;
54 L’uns l’autre sovent encontra
55 Alant et venant a la cort[13].
56 Li droit aus clers furent la cort[14],
57 Quar cil i firent lor voloir[15],
58 Cui qu’en deüst le cuer doloir[16],
59 D’escommenier et d’assaudreassaudre, C 59, J 95 : absoudre. :
60 Cui blez ne fautfaillir, BD 45 ; faut, W 36, AL 9, P 30, C 60, ind. pr. 3 de faillir ; E 124, AS 474, failli, p.p. ; AD 121 fausist, subj. imp. 3 : manquer — AP 27 faut, ind. pr. 3 ; H 158 faillent, ind. pr. 6 ; AB 231 faudra, fut. 3 ; G 115, AP 27, Q 5, failliz, faillie, p.p. : faire défaut — AE 228, 305, X 173 faut, ind. pr. 3 : cesser, être défaillant — BD 10 faillent, ind. pr. 6 : ne pas tenir ses promesses — X 77, AE 225, failliez, ind. pr. 5 ; AU 172, failles, subj. pr. 2 ; AE 226 faudra, fut. 3 : faillir à quelqu’un, faire défaut à — AP 25, faille, subj. pr. 1, AP 26 failli, p. p. : faillir à quelqu’un, ne pas obtenir son aide — H 92 faillir, inf. ; F 31, BG 5, 19, p. p. : faillir a quelque chose, ne pas obtenir, perdre. sovent puet maudremaudre, C 60 : moudre (phonét. picarde).[17].
61        Li prélat sorent cele guerre[18],
62 Si commencierent a requerre
63 L’Université et les Freres,
64 Qui sont de plus de quatre meres[19],
65 Qu’il lor lessaissent la pais fere ;
66 Et guerre si doit moult desplere[20]
67 A gent qui pais et foi sermonent
68 Et qui les bons exemples donent
69 Par parole et par fet ensemble,
70 Si comme a lor oevre me semble.
71 Il s’acorderent a la pés,
72 Sanz commencier guerre jamés[21] :
73 Ce fu fiancéfiancé, C 73 : promis. a tenir[22]
74 Et seëlésëelé, C 74, scellé (écrit sur lettre scellée). por souvenir.
75        Mestre Guillaumes au roi vint[23],
76 La ou des genz ot plus de vint,
77 Si dist : « Sire, nous sons en misemise, s. f. : C 77, (être en) mise : procédure de conciliation.[24]
78 Par le dit et par la devisedevise, O 292, s. f . : apparence, maniere d’être — Y 70, U 141, A 66 a devise : à souhait — AS 1232, a grand devise : AS 248, par grant devise : d’une manière parfaite — C 78, conciliation.
79 Que li prelat deviserontdeviser, trans., O 292 : décrire ; D 48, ind. pr. 3 : décrit — D 37, devise, ind. pr. 3 : prescrit — R 47, devise, ind. pr. 1 ; X 32, devis, subj. pr. 1 : dire, exposer — B 50, devise, ind. pr. 3 : indiquer — AT 1464, devisoit, imparf. 3 : raconter ; AT 1466, au deviser, infin. subst. : au raconter (en racontant) — C 79, fut. 6, deviseront : arranger — AT 209, p. p., devisiee : divisée. :
80 Ne sai se cil la briseront. »
81 Li rois jura : « En non de mi[25],
82 Il m’avront tout a anemi
83 S’il la brisent, sachiez sanz faille :
84 Je n’ai cure de lor bataille. »
85 Li mestres parti du palais
86 Ou assez ot et clers et laislais, s. m., F 112, H 145, O 312, O 447, Y 162, G 53, C 86, E 72, K 25 : laïc. Cf. laie..
87 Sanz ce que puis ne mesfeïst
88 Ne la pais pas ne desfeïst,
89 Si l’escillaescillier, X 166 : dévaster — F 99, C 8, 18, 34 : bannir ; C 6, 33, escille, ind. pr. 3 ; C 14, 22, 29, escillié, p. p. ; C 89 escilla, parf. 3 de escillier : bannir.[26] sanz plus veoir.
90 Doit cis escillemenzescillement, C 44, 90 : exil. seoirseoir, C 90 : être maintenu. ?
91 Nenil, qui a droit jugeroit,
92 Qui droiture et s’ame ameroit.
93        S’or fesoit li rois une chose[27]
94 Que mestre Guillaumes propose
95 A fere voirvoir, E 128, D 107, R 176, AT 73, 90, s. m. : vérité — AK 160, voirs, adj. m. : vrai — AK 9, voir, adv. : en vérité — AB 6 pour voir, J 46, por voir : en vérité ; H 279, a voir : pour vrai — C 95, fere voir : établir la vérité de... ce que il conte,
96 Que l’oïssent et roi et conte
97 Et prince et prelat tout ensamble,
98 S’il dit rien que[28] verité samble,
99 Sel face l’en, ou autrement
100 Mainte ame ira a dampnement ;
101 S’il dit chose qui face afaire a + inf., C 101, face a tere : doive être tu ; T 35 : mériter de. Cf. les exemples dans l’Introduction, p. 192. tere[29],
102 A enmurerenmurer, C 102 : emprisonner ; E 140, enmurez, p. p. ou a desferedesfere, C 102 : condamner à mort — E 141, desfez, p. p. ; A 28, desfet, p. p. ; AT 1208, desfete, p. p. f. : mutilée — AG 53, desfet, p. p. : dépouillé — AL 128 desfet, p. p. pl. : martyrisés.[30]
103 Mestre Guillaumes du touttout (du), C 103 : entièrement. s’offre
104 Et otrieotrie, C 104, ind. pr. 3 de otrier, otroier : consentir ; AK 135, otroit, subj. pr. 3 : accorde ; H 208, otroier (soi) : s’accorder., s’il ne se sueffresueffre (se), C 104, ind. pr. 3 de soffrir (soi) : se modérer, venir à résipiscence. .
105        Ne dites pas que ce requiere
106 Por venirvenir (arriere), C 106 : revenir — AS 25, vint arrière, parf. 3 de venir arrière : se repentir, changer de vie. el roiaume arrierevenir (arriere), C 106 : revenir — AS 25, vint arrière, parf. 3 de venir arrière : se repentir, changer de vie.[31] ;
107 Més s’il dit riens qu’aus ames vaille,
108 Quant il avra dit, si s’en aille
109 Et vous aiez sor sa requeste
110 Conscience pure et honeste.
111 Et vous tuit qui le dit oez,
112 Quant Diex se mousterra cloezcloez, C 112 : crucifié.,
113 Que c’ert au jor du grant Juïsejuïse, X 136, C 113 : jugement dernier.,
114 Por lui demandera justice
115 A vous[32] sor ce que je raconte,
116 Si en avrez paor et honte.
117 Endroit deendroit (de), C 117, d’endroit de, T 49 : quant à — W 51 endroit soi : pour son compte. moi vous puis je dire
118 Je ne redout pas le martire
119 De la mort, d’ou qu’ele me viegne,
120 S’ele me vient por tel besoingnebesoingne, C 120 : cause — R 141 : travail..
   
  Explicit de mestre Guillaume de Saint Amor.
   
   
Manuscrits : A, fol. 324 r° ; B, fol. 67 v° ; C, fol. 63 v°.
Texte et graphie de A. — Alinéas de A sauf, de notre fait, au vers 14. Alinéas des autres manuscrits : comme A, sauf que B en marque un de plus au vers 21.
Titre : B De metre Guill’ de s. amor, C Ci encoumance li diz de maitre Guillaume de saint amour coument il fu escilliez — 1 B prince roi — 3 B fet m. ; A Guilliaume (second i exponctué) — 5 B mort n’i m. — 6 B Qu’il — 7 B qui mq. — 8 C de cest r. — 10 B mestres ; AB Guill’ — 11 B g. fere (fere exponctué) ; avoir en marge — 12 B Prelaz — 14 AB Guill’ — 16 BC v. di ge — 24 B entendre — 26 B en droit ne — 27 C Que r. — 28 A P. chose — 29 C dit — 30 B Si a — 33 A Qui — 36 B que ce m. — 37 B le d. — 38 B respons — 42 C t. se plaing — 45 C voiant — 46 B droit e. tort et droiz n. — 48 C qu’on la — 49 B d. si l. — 52 B logiques — 54 BC L’un — 56 BC au ; cler ; C f. li c. — 58 B Qui que d. ; C li cuers — 60 B blef ; mordre — 65 B Que lor — 66 B Car g.67 B foi et pais — 73 C Si fu — 74 C seelee — 75 C Maistres ; AB Guill’ — 78 B Par l’acort — 80 B Je s. — 82 B tuit83 B la mq.87 BC ce c’ains p. — 88 B Ne que la p. point ne desfist ; C Ne la pais puis ne — 89 B Sillesila — 90 B cil, C cist — 94 AB Guill’ — 96 B Qui — 97 C tuit — 98 B Si d. ; BC rien qui — 99 C Si le face hon — 100 B Maint — 103 AB Guill’ ; B de tot, C dou tot — 104 B seffre — 109 B sus sa — 113 B Que mq. ; C au grant jor dou j. — 114 BC P. li d. — 115 A Et v. — 116 C a. anui et — 117 C p. ce d. — 119 C dont ele me vaigne — B explicit mq., C Explicit ; A Guill’.
 

[1] Entendre que le sort d’un homme injustement condamné à mort n’est pas pire que celui de Guillaume.

[2] sanz guerre avoir, « sans qu’il y ait guerre ».

[3] prelat : ceux qui, le 1er mars 1256, avaient fait entre les maîtres séculiers de l’Université, représentés par Guillaume, et les Frères Prêcheurs, une composition que le pape annula le 17 juin, et aussi ceux qui, le 31 juillet de la même année, avaient déclaré Guillaume prêt à être entendu devant un concile général : de quoi le pape n’avait pas tenu compte. L’autorité de leurs décisions et recommandations se trouvait ainsi bafouée. Cf. F 77-91.

[4] 14-15. Lequel des deux, on ne le savait guère : Rutebeuf va donc montrer qu’il y avait eu, en tout cas, violation du droit, que l’exil ait été ordonné soit par le pape (v. 16-20), soit par le roi à la prière du pape (v. 21-28), soit par le roi de son initiative propre (v. 29-42).

En fait, l’initiative première fut celle du pape, demandant au roi dès le 27 juin 1256 l’expulsion et même l’incarcération de Guillaume (Chart. Univ. Par., n° 282). Le roi n’accéda pas à ce désir ; mais, peu après, il envoya à Rome deux de ses clercs, Jean et Pierre, porteurs d’un exemplaire du De Periculis, et chargés de « proposer et demander » de sa part certaines choses « en faveur des Frères » (ibid., n° 289 : la lettre n’est que du 19 octobre 1256, mais vise des faits antérieurs). Si l’on admet que le roi, hésitant à prononcer de son chef le bannissement de Guillaume, a pu, par la voix de ses deux émissaires, demander au pape de prendre lui-même la décision, on s’explique que le pape, lui écrivant le 11 août 1257 (ibid., n° 315) pour l’informer qu’il venait d’interdire à Guillaume l’entrée du royaume de France, lui dise qu il l’avait fait à une demande du roi lui-même, que celui-ci « n’avait pas dû oublier ».

[5] La loi civile et le droit canon.

[6] prier, leçon des mss. B C, imposée par le contexte (cf. v. 22).

[7] Qui, dans A, = Qu’il. Mais qui, en pareil cas, ne se trouve guère que devant consonne.

[8] par droit, « légalement ».

[9] cil, Guillaume ; li demande, « demande réparation ».

[10] 41-45. Nous avons entendu, et conséquemment ponctué, selon la lettre du ms. A (por ce que, causal ; veez, indicatif ; si, marquant l’apodose). Un autre sens serait « pour que vous voyiez que je n’ai pas tort si je le plains, et qu’il a été exilé sans jugement, je vous le montre... » ; mais il faudrait que veez fût un subjonctif, que si fût un conditionnel (se dans C, avec omission de le), et qu’on passât sur la non-concordance des modes pour ai et soit.

[11] sanz jugement : le grand motif d’indignation des partisans de Guillaume : cf. E 25 ; D 100 ; F 97 ; et aussi les Collectiones, pp. 432-433 : « non per judicium, sed per potestatem judicum ». Le principe juridique fondamental qu’on ne peut être condamné sans jugement régulier est souvent rappelé dans les textes littéraires : cf. Nigellus, Speculum stultorum, édit. Wright, p. 43, v. 1-2 ; Babio, v. 264, etc.

[12] logique. Bien que le conflit ait eu son origine à la Faculté de Théologie, c’est à la Faculté des Arts que l’opposition aux Frères était la plus vive. Voir Introduction, p. 82.

[13] la cort, celle de Rome, où les délégués des Jacobins et ceux de l’Université avaient été appelés pour s’y confronter notamment en août 1254, puis en septembre-octobre 1256 (Responsiones, éd. Faral, pp. 362 ss.).

[14] la, « là » (à Rome) ; cort, « courts », c’est-à-dire « mal reconnus ».

[15] 57-60. Allusion aux nombreuses excommunications ou menaces d’excommunication que les Frères avaient obtenues du pape contre leurs adversaires.

[16] le cuer (A, B), li cuers (C). Cf. F 136, H 245, BE 24, où les mss. se partagent de même façon. L’on disait normalement « li cuers me duelt ». Mais quand doloir, à l’infinitif, dépend d’un verbe dont le sujet est différent (habituellement le verbe faire), le nom de la partie souffrante, sujet de cet infinitif, prend la forme du cas régime (ex. « trop m’avez fait le cuer doloir »). C’est sans doute par analogie avec cette construction que doit s’expliquer dans notre passage la leçon de A, B, incerrecte puisque le sujet est le même pour deüst et pour doloir, mais favorisée par le fait que deüst a pu être senti comme un impersonnel. Cas analogue, avec lermoier au lieu de doloir, dans AQ 4.

[17] Proverbe, appliqué ici aux Frères usant et abusant de leur crédit à Rome.

[18] 61-74. Il s’agit de la composition du 1er mars 1256 : voir Introduction, p. 76 ; cf. Responsiones, art. 14, et pp. 370-371.

[19] Nous ne savons comment expliquer cette image, qui doit exprimer une idée de division.

[20] 66-70. Sentiments prêtés ironiquement aux Frères (cf. B 3-6).

[21] « en s’engageant à ne plus jamais recommencer la guerre ».

[22] 73-74. Allusion à la pièce 268 du Chart. Univ. Par.

[23] 75-84. Seul témoignage connu sur cette audience. C’était le roi qui avait provoqué la réunion des prélats, où Guillaume tint un rôle important (Responsiones, art. 14) : il était naturel que celui-ci vînt, pour sa part, rendre compte aussitôt après l’accord et sans doute (à cause du futur deviseront) avant la mise en forme de la pièce officielle.

[24] 77-79. « Nous avons accepté la procédure d’une conciliation à arranger par les prélats. » Allusion au fait que les prélats n’ayant pu accorder les parties par la voie de l’arbitrage, avaient du moins obtenu d’elles qu’elles accepteraient une composition dont ils arrêteraient les clauses (Responsiones, art. 14).

[25] Formule employée par le roi pour éviter de jurer par Dieu ou par ses saints et qu’un scrupule accru lui fit ensuite abandonner (Geoffroi de Beaulieu, Vita s. Ludovici, 7).

[26] Si l’escilla, « et pourtant le roi l’exila ».

[27] 93-104. Mouvement de la phrase : « Si maintenant le roi faisait ce que Guillaume propose pour démontrer sa thèse, [à savoir] la réunion d’une assemblée de princes du siècle et de l’Église, [alors de deux choses l’une] : ou bien Guillaume apparaîtrait comme soutenant la vérité, et l’on ferait selon son dire ; ou bien il dirait des choses qu’il ne faut pas, et il accepte, en ce cas, d’être emprisonné ou mis à mort s’il ne se soumet pas. » Il serait hasardé de faire des vers 93-97 une conditionnelle absolue (cf. G 109 ss. et AK 37 ss.).

[28] que, le mot rien s’entendant comme un neutre (analogue, par exemple, à ce que li plest.).

[29] chose qui face a tere, c’est-à-dire un sujet à ne pas toucher, les Jacobins ayant fait grief à Guillaume d’avoir prêché inopportunément sur les périls des Temps derniers (Responsiones, partie V).

[30] Pour le sens de ces mots, cf. E 141-142.

[31] « pour rentrer en France ».

[32] La leçon Et vous, de A, est suspecte (répétition du v. 111). A vous, de B C, s’entend mieux. Le sujet de demandera est Guillaume (cf. v. 37). Si (v. 116) peut équivaloir à et, coordonnant les propositions du v. 114 et du v. 116, ou bien introduire l’apodose après temporelle. Donc « Et vous tous qui écoutez mon dit, quand Dieu se montrera cloué (ce qui sera au jour du grand Jugement), il [ou bien et qu’il] vous demandera réparation, et [ou bien alors] vous en aurez peur et honte. » Le premier des deux sens est plus naturel.

Vous, ce sont ceux (cf. v. 1 ss.) auxquels Rutebeuf fait un devoir d’intervenir.

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