J. Bastin & E. Faral, Les ordres de Paris
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Le texte
  Œuvres complètes de Rutebeuf, J. Bastin & E. Faral, 1959-1960 : Paris, Picard, vol. 1, pp. 323-329.
   
  Les ordresordre, L titre ; K 63 : ordres religieux ; T 20, (tels d’ordre) : clergé. de Paris.
   
  I
1 En non de Dieu l’esperitéesperité, L 1 : céleste.
2 Qui treblestrebles, L 2 : en trois personnes. est en unité,
3 Puissé je conmencier a dire
4 Ce que mon cuer m’a enditéendité, L 4, p. p. de enditer : suggérer, indiquer. !
5 Et se j’en di la verité,
6 Nus ne m’en doit tenir a pire.
7 J’ai conmencie ma matire
8 Sus cest siecle qu’adés empire,
9 Ou refroidierrefroidier, L 9 : refroidir. voi charité[1] ;
10 Ausi s’en vont sanz avoir miremire, J 188, L 10, A 82, 85, 86, 87 : médecin.[2]
11 La ou li deables les tire,
12 Qui Dieu en a desherité.
  II
13 Par maint samblant, par mainte guise[3]
14 Font cil qui n’ont ouvraingne aprise
15 Par qoi puissent avoir chevancechevance, AO 40, AM 61, AP 5, L 15 : moyens de vivre, subsistance. :
16 Li un vestent cotelecotele, B 54, L 16 : robe de moine, froc (ici, robe des Franciscains). grise[4]
17 Et li autre vont sanz chemise[5],
18 Si font savoir lor penitance[6].
19 Li autre, par fausse samblance,
20 Sont seignor de Paris en France,
21 Si ont ja la cité porpriseporprendre, O 222 : entourer, embrasser un espace ; L 21, porprise, p. p. f. : investie, occupée, saisie.[7].
22 Diex gart Paris de mescheancemescheance, L 22 : infortune.
23 Et la gart de fausse creance[8],
24 Qu’ele n’a garde d’estre prise !
  III
25 Li Barré sont prés des Beguines[9],
26 Set vint[10] en ont a lor voisines :
27 Ne lor faut que passer la porte,
28 Que[11], par auctoritezauctoritez, J 1 ; AT 1978 ecriz d’auctorité ; L 28 auctoritez devines : textes doctrinaux (langage scolastique) — F 6 metre en auctorité : faire accepter comme digne de foi. devinesdevines, adj. f. pl., L 28 auctoritez devines : écrits théologiques — U 150 la gent devine : les religieux.[12],
29 Par examplesexamples, s. m. pl., L 29 : modèles. execucions, K 26 : mandats d’exécuteur testamentaire. et par doctrinesdoctrines, T 27, L 29 : enseignements.
30 Que li uns d’aus a l’autre porte,
31 N’ont pooirpooirs, U 57, subs. verbal, n. sing. : pouvoir, puissance — T 76, Z 24, a son pooir : selon son pouvoir, pour autant que cela lui fût possible — AS 972, L 31, n’avoir pooir de : n’avoir pouvoir ou possibilité. d’aler voie torte[13] ;
32 Honeste vie les deportedeporte, H 121, ind. pr. 3 de deporter : faire plaisir — L 32, ind. pr. 3 : mener, guider — E 60, deporte, subj. pr. 3 : décharger.
33 Par jeünes, par desciplinesdesciplines, s. f. pl., L 33 : châtiments corporels — U 177, tenir en decepline : infliger un châtiment.,
34 Que li uns d’els l’autre conforte.
35 Qui tel vie a ne s’en resorte,
36 Quar il n’ont pas geté sanz sines[14] !
  IV
37 L’Ordre aus Beguines est legierelegiere, adj. f., L 37 : douce, facile. [15],
38 Si vous dirai en quel maniere :
39 L’en s’en ist bien por mari prendre.
40 D’autre part, qui besse la chiere[16]
41 Et a robe large et plenierepleniere, L 41 : ample.
42 Si est beguine sanz li rendrerendre (soi), v. réfl., L 42 : entrer en religion ; AB 117, (se) rendent, ind. pr. 6 ; T 9, AT 1616, p. p. rendu, rendue.[17] ;
43 Si ne lor puet on pas deffendre[18]
44 Qu’eles n’aient de la char tendre ;
45 S’eles ont un poi de fumierefumiere, L 45 : fumée.,
46 Se Diex lor voloit por ce rendre[19]
47 La joie qui est sanz fin prendre,
48 Sains Leurens l’achata trop chiere.
  V
49 Li Jacobin sont si preudomme[20]
50 Qu’il ont Paris et si ont Romme[21]
51 Et si sont roi et apostole
52 Et de l’avoir ont il grant somme ;
53 Et qui se muert, s’il ne les nomme
54 Por executor, s’ame afoleafole, B 13 ; F 15, ind. pr. 3 ; F 17 afolé, p. p. de afoler : blesser — U 104, L 54, afole, ind. pr. 3 de afoler : causer la perte de. ;
55 Et sont apostre par parole[22] :
56 Bonbon, L 56, 63, adv. : heureusement. fu tel gent mise a escole.
57 Nus n’en dit voir c’on ne l’assommeasomeir, AB 72 : détruire, mettre à terre ; O 192, assomme, ind. pr. 3 ; L 57, assomme, subj. pr. 3. :
58 Lor haïne n’est pas frivolefrivoles, s. f . : AS 1284, D 107 : fariboles — L 58, adj. : légère. ;
59 Je qui redout ma teste fole[23]
60 Ne vous di plus, més qu’il sont homme.
  VI
61 Se li Cordelier por la corde[24]
62 Pueent avoir la Dieu acordeacorde, L 62, K 13, s. f. : accord, paix. ,
63 Bonbon, L 56, 63, adv. : heureusement. [25] sont de la corde encordé.
64 La Dame de Misericorde,
65 Ce dient il, a els s’acorde,
66 Dont ja ne seront descordé.
67 Més l’en m’a dit et recordérecorder, K 16, inf. ; K 16 recorde, ind. pr. 3 ; K 15 recordaisse, subj, impf. 1 : raconter — T 46 recorde, ind. pr. 1 ; L 67 recordé, p. p. : dire, rapporter — B 7, recorde ind. pr. 3 : rappeler — B 51, au recorder, inf. substantivé : au rappel, au rapport (terme juridique).
68 Que tels moustre au digne Cors Dé
69 Samblant d’amor qui s’en descordedescorde (me), L 72, ind. pr. 1 ; L 69, AC 104 s’en d., ind. pr. 3 ; AW 123, nos nos descordons, ind. pr. 4 de descorder (soi) : se séparer, désavouer, être en désaccord..
70 N’a pas granment que concordéconcordé, L 70 : composé.[26]
71 Fu par un d’aus et acordéacordé, L 71, p.p. de acorder : se mettre d’accord pour composer.
72 Un livres dont je me descordedescorde (me), L 72, ind. pr. 1 ; L 69, AC 104 s’en d., ind. pr. 3 ; AW 123, nos nos descordons, ind. pr. 4 de descorder (soi) : se séparer, désavouer, être en désaccord..
  VII
73 L’Ordre des Sas est povre et nue[27] ; fol. 181 v°
74 Et si par est si tart venue[28]
75 Qu’a paines seront soustenu.
76 Se Diex ot tel robe vestue[29]
77 Comme il portent parmi la rue,
78 Bien ont[30] son abit retenu :
79 De ce lor est bien avenu.
80 Par un homme[31] sont maintenu :
81 Tant comme il vivra, Diex aiüeaïe, aïue, U 22, 91, AY 27, s. f. : aide — L 81 Dieus aïue, interjection optative.[32] !
82 Se mort le fet de vie nunu, L 82 : nu (nudum), privé, dépouillé.,
83 Voisent la dont il sont venu,
84 Si voist chascuns a la charrue !
  VIII
85 Li rois a mis en un repairerepaire, s. m., L 85 : demeure. Cf. repere, s. m.[33]
86 (Més je ne sai pas por qoi faire)
87 Trois cens avugles route a routeroute a route, L 87 : à la file, l’un à côté de l’autre..
88 Parmi Paris en va trois paire[34] ;
89 Toute jor ne finentfiner, T 6, 11, finer vers (envers) quelqu’un : s’acquitter envers ; T 8, ind. pr. 3 : mourir ; T 116, ind. pr. 3 ; L 89, ind. pr. 6 de finer : cesser ; J 5, ind. pr. 3, fine : achève ; AS 658, finaissent, subj. imp. 6 de finer de : se satisfaire de. de brairebraire, brere, L 89, G 51, AU 561 : crier, pleurer, se lamenter ; H 1, braient, ind. pr. 6 : crier. :
90 « Aus trois cens qui ne voient goute ! »
91 Li uns sachesache, L 91, ind. pr. 3 de sachier : tirer., li autres bouteboute, L 91, AF 28, ind. pr. 3 de bouter : pousser.,
92 Si se donent mainte çacouteçacoute, s. f. s., L 92 (ms. A) : coup, bourrade.,
93 Qu’il n’i a nul qui lor esclaire.
94 Se feus i prent, ce n’est pas doute[35]
95 L’Ordre sera brullee toute,
96 S’avra li rois plus a refaire.
  IX
97 Diex a non de filles avoir[36],
98 Més je ne poi onques savoir
99 Que Diex eüst fame en sa vie.
100 Se vous creez mençonge a voir
101 Et la folie por savoir,
102 De ce vous cuitcuit, L 102, ind. pr. 1 de quiter, de ce vous cuit je ma partie : je n’impose pas mon opinion à ce sujet.[37] je ma partie.
103 Je di que Ordres n’est ce mie,
104 Ainz est barasbaras, s. m., L 104, D 49 barat, R 83 : tromperie. et tricherie
105 Por la fole gent decevoir :
106 Hui i vint, demain se marie ;
107 Le lingnagelingnage, L 107, le lingnage sainte Marie : l’ensemble des religieuses. sainte Marie
108 Est hui plus granz qu’il n’ere ersoirersoir, L 108 : hier au soir..
  X
109 Li rois a filles a plentéplantei, L 109, (a) plenté ; H 11, D 32, K 41, (a grant) plantei : en abondance.[38]
110 Et sin a si grant parenté
111 Que nus ne l’oseroit atendratendre, L 111, nus ne l’oseroit atendre : lui tenir tête, tenir ferme contre lui.e.
112 France n’est pas en orfentéorfenté, AQ 41, AU 453, AT 1052 : malheur — L 112 : privation d’enfant. ;
113 Se Diex me doinst bone santé,
114 Ja ne li covient terre vendre[39]
115 Por paor de l’autre deffendre,
116 Quar li rois des filles engendre
117 Et ses filles refont autéauté, L 117 : la même chose..
118 Ordre l’apelent Alixandre[40],
119 Si qu’aprés ce qu’il sera cendre
120 Sera cent anz de lui chanté.
  XI
121 La Trinité pas ne desprisdespris, L 121, AH 70, ind. pr. 1 de desprisier : mépriser ; AB 37, U 137, AK 99, desprise, ind. pr. 3 ; AH 69, un nu despris, p. p. : misérable.[41] :
122 De ce c’ont aünéaüné, L 122, V 41, p. p. de aüner : rassembler ; AE 283 s’aünent, ind. pr. 6 de aüner (soi) : se rassembler. et pris[42]
123 Envoient le tiers a mesure
124 Outre mer reambrereembre, X 65, L 124, reambre : racheter ; F 41 reembre, inf. actif au sens passif : être rachetés. les prispris, L 124, AV 707, 714, s. m. : prisonniers..
125 Se ce font que j’en ai apris,
126 Ci a charité nete et pure.
127 Ne sai s’il partentpartir, R 56, AT 1954 : se fendre — AT 2167, part, ind. pr. 1 ; E 83, part, ind. pr. 3 ; X 113, partirez, fut. 5 : avoir part, participer — L 127, partent, ind. pr. 6 ; T 19, partie, p. p. : partager — T 144 partira de, fut. 3 : s’éloigner — T 146, se part, ind. pr. 3 ; AS 969, s’est partie, pas. composé de partir (soi) : se séparer. a droiture[43] :
128 Je voi deça les pommiauspommel, O 264, s. m. s. ; L 128, s. m. pl., pommiaus : épis de toiture. luire
129 Des manoirs qu’il ont entreprisentrepris, L 129, p. p. de entreprendre, accaparés — G 11 entreprise : en mauvais point ; AL 30 entreprise, AL 33 entrepris ; AU 73, 543, entrepris : misérable. ;
130 S’il font dela[44] tel fornetureforneture, L 130 : fourniture, approvisionnement.,
131 Bien oevrent selonc l’escripture[45]
132 Si n’en doivent estre reprisrepris, L 132, p. p. de reprendre : blâmer..
  XII
133 Li Vaus des escoliers m’enchanteenchanter, M 2, inf. passif : être ensorcelé ; L 133, ind. pr. 3 m’enchante : trouble ma raison ; AH 53 enchantent ind. pr. 6 : ensorcèlent ; V 38, enchantei, p.p., K 44, p. p. m. pl. enchanté : ensorcelés ; AQ 40, enchanté, p. p. : trompé, abusé.[46] 47],
134 Qui quierent pain et si ont rante,
135 Et vont a cheval et a pié.
136 L’Université, la dolente,
137 Qui se complaint et se dementedemente (se) L 137, ind. pr. 3 de dementer (soi) : se lamenter. ,
138 Trueve en aus petit d’amistié ;
139 S’a ele d’aus eü pitié,
140 Més il se sont bien aquitié
141 De ce que l’Escripture chante[48] :
142 Quant l’en a mauvés respitiérespitié, L 142, p. p. de respitier : épargner (quelqu’un), faire grâce à.,
143 Trueve l’en puis l’anemistiéanemistié, L 143 : inimitié.,
144 Quar li maus fruis ist de male ente.
  XIII
145 Cil de Chartrouse sont moult sage[49],
146 Quar il ont lessié le boschageboscage, AS 717, L 146 : lieu boisé.
147 Por aprochier la bone vile.
148 Ici ne voi je point d’outrageoutrage, s. m., L 148 : excès ; AE 58 : présomption ; AM 41 : mauvaise conduite. :
149 Ce n’estoit pas lor heritage[50]
150 D’estre toz fors en itel pilepile, L 150 : mauvaise situation — U 40, être en autrui pile : sous la domination d’autrui — Y 61, faire de sa croix pile : faire de l’avers le revers d’une monnaie. Cf. Tobler, V. B., II, 220. !
151 Nostre creance torne a guileguile, s. f., X 52, Y 69, H 33, 182, L 151, D 49, AU 43 : tromperie. ,
152 Mençonge devient evangile,
153 Nus n’est més saussaus, L 153, adj. m. s. nom. : sauf. sanz beguinage,
154 Preudon n’est creüz en concile
155 Ne quene que, loc. conj. : O 700, L 155, AV 619, AS 202, G 14, BB 96 : pas plus que. deus gent contre deus mile :
156 A ci dolor et grant domage.
  XIV
157 Tant com li Guillemin esturentesturent, L 157, part. 6 de ester : séjourner. Cf. esta.[51]
158 La ou li grant preudomme furent[52]
159 Ça en arrier comme renclusrenclus, s. m. L 159 : hermites — L 164 : hermitage.,
160 Itant servirent Dieu et crurent ;
161 Més, maintenant qu’il se recrurentrecroire, AT 238, inf., neutre : se lasser ; AT 236, se recroit, ind. pr. 3 de recroire (soi) ; L 161, se recrurent, parf. 6 de recroire (soi) : se lasser, renoncer.,
162 Si ne les dut on croire plus.
163 Issu s’en sont comme conclusconclus, p. p. de conclure, L 163 coupables — E 65 : vaincu, réduit à bout d’argument.[53].
164 Or gart uns autres le renclusrenclus, s. m. L 159 : hermites — L 164 : hermitage.[54],
165 Qu’il en ont bien fet ce qu’il durent !
166 De Paris sont un poi ensusensus, L 166 : à l’écart.[55],
167 S’aprocheront de plus en plus :
168 C’est la reson por qoi s’esmurentesmurent (s’), L 168, parf. 6 de esmouvoir (soi) : se mettre en mouvement, changer de domicile.[56].
   
  Expliciunt les ordres de Paris.
   
   
Manuscrits : A, fol. 181 r° ; B, fol. 66 v° ; C, fol. 1 r°.
Texte et graphie de A.
Titre omis dans C — 2 B Qui est tribles ; C troibles — 3 B c. et d. — 4 BC mes cuers ; B m’ mq. — 5 BC je di — 15 BC P. qu’il p.— 22 B meeschance — 23 B Qui le g. — 25 B barrez — 26 B .LXX., C .IX.XX. — 28 B Qui par auctorité — 36 BC n’a ; B jete sans sines, C gite sans s. ; AC signes — 37 B au b. — 42 C b. pour li — 48 B S. Loranz, C Sains Lorans — 49 B si mq. — 52 B De l’a. ront il si g. — 53 BC se il nes n. — 54 B executors, C executeurs ; C s’a. est fole — 56 BC Buer ; C tes g.58 B Lor ; ame — 63 BC Buer — 71 AB par .II. d’aus ; B et recordé — 74 A Ensi par — 75 B Que enviz, C Qu’a envis — 77 B porte — 80 B Par. .II. home ; AB soustenu — 82 BC mors ; A mu — 84 Dans B, ce vers est remplacé par le vers 81, répété ainsi une seconde fois. — 86 B sai pas mq. ; C M. ne sai pas bien p. — 87 B tout a rote — 90 B A t. — 91 B autre — 92 BC sacoute — 94 B feu — 97 A des f. — 98 C ne puis ; B ne soi o. de voir — 102 B vous qui je ; C quit — 103 BC ordre — 106 A H. vienent — 107 C mq. ; B Li lignages — 108 B Est p. g. que ne fu e. — 110 BC s’en a — 111 C Qu’il n’est nuns qui l’osast — 113 B done — 114 B nel covenist ; BC rendre —118 BC Ordres le truevent (B les) — 119 B ce que s. — 120 C S. de lui .C. ans chantei — 121-132 B mq. — 122 C De quanqu’il ont l’annee p. — 134 B Il q. — 137 B et se germante — 138 B aus po d’a. — 139 C Ce ele d’ex eüst p. ; B eü d’aus —143 B Puis i truev’on— 144 B vient — 145 BC s. bien s. — 146 B ont mq. — 154 C Preudons — 164 B reclus — 168 C raisons ; BC por qu’il — B Explicit des ordres de Paris ; C l’explicit mq.
 

[1] Allusion au « refrigescet charitas » de Matthieu, XXIV, 12, concernant l’approche des temps derniers et souvent rappelé par les adversaires des Frères (cf. De Periculis, p. 40, etc.).

[2] 10-12. A cause de l’altération de la foi par les faux prédicateurs des temps derniers.

[3] 13-15. Cette intention de trouver subsistance sans travailler explique, selon l’auteur, la prétendue vocation de ceux qu’il va dénombrer et qui vivaient de la mendicité. — Par coi dépent de Font (« s’arrangent pour pouvoir... »).

[4] Les Cordeliers. Cf. B 53-54.

[5] Les Jacobins. Cf. D 89-90 ; K 37.

[6] font savoir par la manière de se vêtir qui vient d’être indiquée.

[7] porprise, « conquise » ou plus précisément « encerclée » (voir Notice).

[8] de fausse creance, c’est-à-dire de l’hérésie impliquée par l’institution des Mendiants.

[9] 25-36. Cf., au sujet des béguines, outre la Notice, F 154-174 et notes, et S 166-169.

[10] Sept vint. Geoffroi de Beaulieu dit quatre cents.

[11] Que, « en sorte que » (grâce à des visites faciles).

[12] 28-34. Ironique. Cf. Collectiones (p. 274), au sujet de ceux qui fréquentaient les Béguines : « sub praetextu audiendae confessionis, vel impendendae doctrinae salutaris, quotidianis colloquiis ac immoderata familiaritate conjunguntur eisdem ». Ceux que Rutebeuf mettait en cause à ce propos dans les Règles étaient les Jacobins : ce sont ici les Barrés. En 1259, date probable du dit des Règles, il n’y avait pas encore de voisinage entre les Barrés et les Béguines.

[13] aller voie torte, « s’égarer », au propre et au figuré.

[14] signes (A C) ne peut pas être le moderne signes (< signa), qui ne donnerait pas de sens. C’est sines (B), « le nombre six », amené en « jetant » les dés et qui était un coup heureux, au contraire de l’ambesas. Entendre : « ils n’ont pas jeté leurs dés sans amener de six » et, par métaphore ordinaire, « ils ont eu de la chance ».

[15] 37-48. Voir la Notice.

[16] En signe d’humilité.

[17] « sans cependant entrer en religion ».

[18] 43-44. Pour ce genre d’expression, cf. M 61-64. — fumiere, « fumée pour fumer les viandes », proposé dubitativement dans le T.-L. n’est guère probable. La mention, au vers 48, de saint Laurent (« qui pour Dieu fu rosti », De triacle et de venin, dans Jubinal, Nouv. rec., t. I, p. 368) fait plutôt penser au sens « si, brûlant (de besoin amoureux), elles dégagent un peu de fumée... » : cf. Dit des mais (Jubinal, ouvr. cité, t. I, pp. 185-186).

[19] 46-48. Pour ce thème du salut éternel qu’on voudrait acheter à bon compte, cf. F 53-60 et note.

[20] 49-60. Reprise peu cohérente d’une série de griefs plusieurs fois énoncés dans des poèmes antérieurs.

[21] 50-51. Il est douteux que soit ici visé tel ou tel pape en particulier.

[22] 55-56. « Et ils sont apôtres, à leur dire : c’est un bonheur (toujours à leur dire) que des gens comme eux (les Jacobins) aient été mis à l’école (en deux sens : qu’ils aient été dans les écoles et, selon l’expression toute faite, qu’ils aient été instruits) ». bon = buer ; cf. Tobler, Verm. Beitr., I, n° 12, et T.-L., I, 1049.

[23] ma teste fole, « les dangers auxquels m’exposent mes imprudences ».

[24] 61-72. Pour ces jeux de mots, cf. A 16 ss.

[25] Bon. Cf. v. 56 et note.

[26] 70-72. Il s’agit de l’Introductorius mis par Gérard de Borgo San Donino en tête de la Concordia veteris et novi testamenti de Joachim de Flore. Il est peu probable que Rutebeuf ait voulu parler de deux auteurs, surtout que Gérard seul était franciscain, Joachim étant cistercien ; et d’autre part, au point de vue de l’expression, deus d’aus est choquant. La leçon deus est donc suspecte. Le ms. C donne un ; les mss. A et B donnent II, qui doit être une mauvaise lecture de ù (la même erreur est certaine dans B au vers 80).

[27] 73-84. Voir Notice. Cf. M 49-52 ; O 795-810 ; S 166-169.

[28] La leçon Ensi de A redoublerait le si suivant. — tart venue. C’est des Sachets que Guillaume de Saint-Amour, dans ses Responsiones, art. 8, semble avoir voulu parler lui aussi en 1256, comme d’une « secte » nouvellement venue à Paris.

[29] 76-77. Comme ils le prétendaient, ainsi que les Jacobins. Voir dans les Responsiones de Guillaume de Saint-Amour, art. 21, un écho des polémiques relatives aux vêtements portés par le Christ.

[30] Bien ont..., « ils ont bien fait de... »

[31] Par un homme, par le roi Louis IX. — soustenu (A B) a été rejeté pour éviter la rime du même au même (v. 75).

[32] Allusion au proverbe : « Tant com dure, tant aïue ! » (Morawski, n° 2284).

[33] 85-96. Voir Notice.

[34] trois pere, « des groupes de trois par trois ». Paire, anciennement invariable, exprime le plus souvent l’idée de personnes ou de choses formant un ensemble. — Cf. Q 72 ; R 123 (où peres, au pluriel, rime avec necesseres) ; AE 243.

[35] 94-96. Plaisanterie amenée sans doute par le mot esclaire, pris d’abord comme « rendre la vue », puis comme « faire des éclairs ».

[36] 97-108. Voir Notice.

[37] cuit, ind. pr. 1 de quitter.

[38] 109-120. L’auteur, mentionnant les « Ordres » à raison d’un par strophe, il devrait s’agir d’autres filles que les Filles-Dieu, auxquelles est consacrée la strophe précédente. Mais l’on ne connaît pas d’institution de Filles-le-Roi, sinon par ce qu’en feraient supposer les vers 55-58 de la Chanson des Ordres. Comme, dans ce dernier poème, les Filles-Dieu ne sont pas mentionnées, on est amené à penser finalement que Filles-Dieu et Filles du Roi doivent être à peu près la même chose, avec cette différence que saint Louis, comme il est dit à propos de sa fondation d’une rente de 400 livres pour les Filles-Dieu, aurait ainsi permis à l’institution déjà existante des Filles-Dieu de recevoir un lot de pensionnaires nouvelles, au nombre de 200 (comme il résulte d’un acte mentionné par Du Breuil, p. 566).

[39] 114-115. Comme les croisés vendant leurs terres pour financer leur expédition. — l’autre (terre), « la Terre Sainte ».

[40] Alixandre, à cause de sa générosité ; cf. De la dent (M. R., t. I, p. 148), v. 32 : « li aver sunt Alixandre », c’est-à-dire : « les avares passent, contre la vérité, pour des Alexandre ». Mais aux vers suivants (119-120) Rutebeuf interprète malignement le motif en laissant entendre, comme ailleurs (ci-dessus, v. 81 ; J 107-116, 136-140), que le roi n’est pas éternel.

[41] 121-132. Voir Notice.

[42] 122-124. Conformément à l’article 2 de leur règle.

[43] « Je ne sais s’ils font ce partage comme ils le doivent. » Doute expliqué par les deux vers suivants, où il s’agit de leurs dépenses pour construire à Paris (deça).

[44] dela, « outre mer », « S’ils dépensent de même en Terre Sainte... »

[45] l’escripture, « le texte de leur règle ».

[46] m’enchante, « trouble ma raison ». Expliqué par la suite : « ils possèdent et pourtant ils mendient ». Ils mendiaient en effet : cf. Crieries de Paris, v. 83.

[47] 133-144. Voir Notice.

[48] 141-144. De l’Écriture (Matthieu VII, 17-18) ne vient que la formule du v. 144, souvent répétée sous forme de proverbe (Morawski, nos 520, 1201 ; etc.). L’idée des v. 142-143 vient d’ailleurs et s’apparente à une autre, répandue sous des formes diverses (Morawski, n° 1088 : « Lerres n’amera ja celui qui le respite de fourches » ; cf. n° 1088 et Werner, p. 38, nos 45, 46, 47).

[49] 145-146. Voir Notice.

[50] 149-150. Ironique.

[51] 157-168. Voir Notice.

[52] 158-159. Dans les lieux déserts où vivaient les ermites.

[53] Ils ont quitté leurs ermitages, en gens convaincus d’erreur ou de mensonge (expliqué par les deux vers qui précèdent : ayant changé de vie, ils ne méritent plus d’être crus).

[54] 164-165. Ils en ont fait assez : au tour d’un autre de vivre en ermitage !

[55] A Montrouge.

[56] s’esmurent, « se sont déplacés ».

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