J. Bastin & E. Faral, Le dit de l’Université de Paris
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Le texte
  Œuvres complètes de Rutebeuf, J. Bastin & E. Faral, 1959-1960 : Paris, Picard, vol. 1, pp. 374-376.
   
  Ci encoumence li diz de l’Universitei de Paris.
                         
1 Rimeir me couvient d’un contenscontens, s. m., P 1, P 9 contans : querelle — AD 35 : conflit — H 168 contanz, s. m. s. : embarras.
2 Ou hon a mainz deniers[1] contenscontans, H 167 (deniers), contans, P 2 (deniers) contens : argent comptant.
3 Despendu et despenderadespendu, AU 3, P 3, p. p. de despendre : dépenser ; P 3, fut. 3, despendera. :
4 Ja sieclessiecle, s. m., AE 331, AB 126, 133, W 14, 29, V 31, 51, T 20, 42, 128, P 4, etc. : monde — AM 91 : genre de vie ; AQ 82 : monde. n’en amenderaament, F 120, que Diex a., subj. pr. 3 de amender : confondre — P 4, amendera, fut. 3 : s’ameliorera — R 146, Se Dieus m’ament, subj. pr. 3 : me pardonne..
5 Li clerc de Paris la citei
6 (Je di de l’Universitei,
7 Noumeement li Arcien[2],
8 Non pas li preudome ancien)
9 Ont empris un contanscontens, s. m., P 1, P 9 contans : querelle — AD 35 : conflit — H 168 contanz, s. m. s. : embarras. encemble :
10 Ja biens n’en vanrra, ce me cemble,
11 Ainz en vanrra mauz et anuizanui, AE 1, Z 1, s. m. : chagrin, tristesse — H 64, anuiz : tourments — P 11 anuiz : désagréments.,
12 Et vient ja de jors et de nuiz.
13 Est or ce bien choze faisant[3] ?
14 Li filz d’un povre païsant[4]
15 Vanrra a Paris por apanre ;
16 Quanque ses peres porra panrre[5]
17 En un arpant ou deus de terre,
18 Por pris et por honeur conquerre[6]
19 Baillera trestout a son fil,
20 Et il en remaint[remaindre, remanoir] remanoir, AU 111, BE 57, inf. : rester ; U 120, H 201, AK 115, P 20, remaint, ind. pr. 3 ; AV 143 remanoit, ind. imparf. 3 ; AT remest, parf. 3 ; AU 56, remez, p. p. ; U 128 remaigne, Y 113 remeigne, subj. pr. 3 ; AS 710, AC 27, remainsist, subj. imp. 3 de remaindre (remanoir) : rester — E 161 remaindre, E 162 remanoir, inf. : cesser — AT 412 remanoir ; J 49, AT 1206, remez. p. p. ; J 49 remaingnent, ind. pr. 6 : rester absent, ne pas avoir lieu. Cf. M. Wilmotte, Mél. Thomas, pp. 499 ss. a escilescil, P 20, a escil : ruiné..
   
21 Quant il[7] est a Paris venuz
22 Por faire a quoi il est tenuz
23 Et por mener honeste vie,
24 Si bestornebestorner, S 162 : tourner à l’envers ; bestorne, P 24, ind. pr. 3 ; AK titre, p. p. bestourné ; R 84, ind. pr. 6 bestornent. la prophecie[8] :
25 Gaaiggaaing, s. m., AS 57 : profit honnête ; P 25, gaaig : gain. de soc et d’areüreareüre, P 25 : labour.
26 Nos convertit en armeüre.
27 Par chacune rue regarde
28 Ou voie la bele musardemusart, E 30, AL 8 musars, musart : sot ; AE 141, muzart : étourdis — musarde, P 28 : femme légère ; AT 350, musarde : étourdie. ;
29 Partout regarde, partout muzemuse, AT 584, ind. pr. 3 ; AT 1376, musent, ind. pr. 6 ; G 31, en musant : gérond. de muser : penser, réfléchir — AS 168, P 29 muze, ind. pr. 3 de muser : s’attarder. ;
30 Ses argenz fautfaillir, BD 45 ; faut, W 36, AL 9, P 30, C 60, ind. pr. 3 de faillir ; E 124, AS 474, failli, p.p. ; AD 121 fausist, subj. imp. 3 : manquer — AP 27 faut, ind. pr. 3 ; H 158 faillent, ind. pr. 6 ; AB 231 faudra, fut. 3 ; G 115, AP 27, Q 5, failliz, faillie, p.p. : faire défaut — AE 228, 305, X 173 faut, ind. pr. 3 : cesser, être défaillant — BD 10 faillent, ind. pr. 6 : ne pas tenir ses promesses — X 77, AE 225, failliez, ind. pr. 5 ; AU 172, failles, subj. pr. 2 ; AE 226 faudra, fut. 3 : faillir à quelqu’un, faire défaut à — AP 25, faille, subj. pr. 1, AP 26 failli, p. p. : faillir à quelqu’un, ne pas obtenir son aide — H 92 faillir, inf. ; F 31, BG 5, 19, p. p. : faillir a quelque chose, ne pas obtenir, perdre. et sa robe uze :
31 Or est tout au recoumancier[9].
32 Ne fait or boen si semanciersemancier, P 32, W 7 : semer. .
33 En Quaresme, que hon doit faire
34 Choze qui a Dieu doie plaire,
35 En leu de haires haubers vestent
36 Et boivent tant que il s’entestent ; fol. 83 r°
37 Si font bien li troi ou li quatre
38 Quatre cens escoliers combatre
39 Et cesseir l’Universitei[10] :
40 N’a ci trop grant aversitei ?
41 Diex ! ja n’est il si bone[11] vie[12],
42 Qui de bien faire avroit envie,
43 Com ele est de droit[13] escolier !
44 Il ont plus poinne que coliercolier, P 44, Q 90, s. m. : porte-faix.
45 Por quepor que, P 45 : à condition que. [14] il vuellent bien aprendre ;
46 Il ne pueent pas bien entendre[15]
47 A seoir asseiz a la table :
48 Lor vie est ausi bien metablemetable, adj., AT 602 : de bonne qualité ; AB 188, K 60, P 48 : convenable.
49 Com de nule religionreligion, s. f., AS 562, 622, AD 54, P 49, BD 40, 221 : ordre religieux, couvent — R 16 : type d’ordre religieux.[16].
50 Por quoi lait hon sa region[17]
51 Et va en estrangeestrange, adj., AE 320, H 113 : étranger (à la famille) ; P 51 : éloigné de sa résidence ; AT 1130, si fu la voie moult estrange : malcommode. païs,
52 Et puis si devient foulz naïznaïs, naïz, naÿx : natif. Accompagné de l’adj. fou : AB 101, folz naÿx, T 64, AC 86, AE 150, H 128, P 52 : fou de nature.
53 Quant il i doit aprendre sens[18],
54 Si pert son avoir et son tens
55 Et s’en fait a ses amis honte[19] ?
56 Mais il[20] ne seivent qu’oneurs montemonte, Y 83, AK 37 : ind. pr. 3 de monter : valoir, signifier ; P 56 : signifie..
   
  Explicit.
   
   
Manuscrit : C, fol. 82 v°.
Graphies normalisées : ces, v. 16, 30, 55 ; c’en, v. 55 ; ci, v. 32.
Ms. : 1 c. doou c. — 2 diu’s c. — 8 Preudoms.
 

[1] La leçon diu’s (= divers) du manuscrit est certainement l’interprétation fautive d’une abréviation de deniers, lequel, rétabli, permet de retrouver l’expression normale deniers contanz (cf. H 167 et note), qui convient parfaitement au passage.

[2] La Faculté des Arts était toujours, à cette époque, le principal foyer de turbulence.

[3] faisant. T.-L. : « tunlich ». Plutôt « à faire ».

[4] 14-20. Guiart de Laon (+ 1247), dans Haskins, op. cit., p.58, n. 7 : « sic scolares abeunt in regionem longinquam cum veniunt Parisius et expendunt aliquando non solum portionem propriam, sed paternam et maternam et fraternam, necnon bona ecclesiae [quand ils sont boursiers] ».

[5] panrre, en le vendant.

[6] Même vers dans Q 92. Il s’agit de la réputation du fils. C’est la formule employée ailleurs en parlant des chevaliers cherchant aventure pour s’illustrer : Chevalier a la robe vermeille, v. 16 : « Por honor et por pris conquerre. »

[7] il, le fils.

[8] 24-26. Il met à l’envers la prophétie, celle d’Isaïe, II, 4 : « et conflabunt gladios suos in vomere, et lanceas suas in falces ».

[9] Cf. O 417 et note.

[10] Cf. Notice, p. 371, n. 4.

[11] bone, « honorable ».

[12] 41-49. Cf. Q 89-104, et Gautier de Coinci, Léocade, v. 1073-1088, où s’expriment la même sympathie pour les écoliers, la même pitié pour la dureté de leur existence, et où le vers 44, rimant avec escolier, se retrouve exactement le même.

[13] droit, « véritable », par opposition à ceux, souvent dénoncés, qui n’étaient écoliers que de nom.

[14] Por que, « pourvu que, du moment que », vuellent étant à prendre comme un subjonctif.

[15] 46-47. « ils ne peuvent pas songer à rester longtemps à table ».

[16] « que celle d’aucun ordre religieux ».

[17] 50-51. Cf. v. 14-15. La plupart des écoliers de Paris venaient des provinces.

[18] 53-54. il reprend la notion impliquée dans hon (v. 50). — « Quand il doit apprendre la sagesse et que (contrairement) il perd... etc. »

[19] « et qu’il en devient un sujet de honte pour ses amis ».

[20] il, non pas les amis, mais les mauvais écoliers.

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